Du IVème au VIème siècle

Lorsqu’aux IVème – VIème siècles, les Angles et les Saxons, venant des rives de la Baltique, déferlèrent sur l’île de Bretagne ; nos ancêtres les Bretons vinrent se réfugier en Armorique. Ils traversèrent la Manche (Morvreiz) sous la conduite de leurs chefs-moines. Ils créèrent de grandes paroisses, tels Plouer, Pleslin, Plélan et Pleudihen sur le bord de la Rance.

Au cours des temps, cette paroisse de l’évêché de Dol se subdivisa en cinq paroisses d’étendue moindre : Lanvallay, Saint Helen, Saint Solen, Tressaint et Pleudihen, cinq paroisses aux noms bretons :

  • Lanvallay – Ermitage placé sous la protection de Balach ou Balao
  • Saint Solen placé sous la protection d’un obscur ermite de la forêt sacrée (Coëtquen)
  • Tressaint placé sous la protection de Tresan, l’un des sept frères venus de  Galles.

Du IXème au XIVème siècle

Au IXème siècle, des hommes du Nord, les Vikings dévastent les bords de la Rance. Ils volent, violent, pillent, incendient. Les populations affolées fuient vers l’intérieur de la Gaule emportant leurs biens et leurs reliques. Elles ne revinrent que deux siècles plus tard.

Au XIème siècle, les fils ou les neveux de Wicohen, comte évêque de Dol, mirent en place une nouvelle organisation du territoire. De domaines religieux, on passe aux domaines féodaux dirigés par les vicomtes de Dinan et leurs vassaux surveillants le pays du haut de leurs tours de bois perchées sur leurs mottes féodales.

Leurs vieux saints fondateurs n’ayant pas protégés leurs Ouailles de la « Fureur des Normands », ceux-ci se placèrent sous la protection de nouveaux Saints : St Méen à Lanvallay, Solain évêque de Chartres à St Solain, St Jacques et St Philippe à Tressaint. Pour gagner leur Paradis, ces féodaux donnent ces paroisses aux bénédictins de l’abbaye St Florent les Saumur. Deux gros prieurés bénédictins s’élèvent sur les bords de Rance : La Magdeleine du pont, rive droite, en Lanvallay et St Magloire, rive gauche, en Léhon . Ils contrôlent, chacun, un passage de la rivière et assurent les services religieux, éducatifs, hospitaliers et sociaux de ces paroisses : Lanvallay-Tressaint et Léhon-St Solain. L’If pousse au sud-ouest de l’enclos paroissial de Saint Solain.

En 1124, Alain I et son frère Guillaume I de Lanvallay partent à la croisade en Palestine.

En 1215, Guillaume de Lanvallay, troisième du nom, est nommé sénéchal de Rennes par le Duc de Bretagne, Pierre Mauclerc (1213-1237). De retour de la croisade  contre  les Albigeois en pays de Toulouse, son frère Alain II de Lanvallay, fonde, en 1224, le couvent des Dominicains ou Jacobins en ses terres de Dinan. Ces seigneurs de Lanvallay, en leur château de la Croix-Rolland pour les aînés, de la Grand’Cour en Tressaint pour les cadets, vivent des revenus de leurs terres et des taxes prélevées sur les marchandises arrivant ou partant de leurs ports de la Magdeleine ou du Livet-Anne (actuelle écluse dite ’’ de Léhon ’’ en Lanvallay).

Durant la guerre de succession de Bretagne (1341-1365) les Lanvallay, comme la ville de Dinan, soutiennent le duc Charles de Blois contre son compétiteur Jean de Montfort et ses alliés anglais, ce qui provoquent ravages et ruines. La paix revenue, l’agriculture et le commerce reprennent leur essor.

Au XVème siècle

Le pont de la Magdeleine enjambe la Rance de ses quatre arches. Charles de Lanvallay, haut et puissant seigneur, conseiller des ducs Jean V (1399-1442) et François I (1442-1450) est inhumé en sa chapelle de la Grand’Cour en l’an 1450 (sa pierre tombale existe toujours en l’église de Tressaint). Son fils Raoul est gouverneur de Dinan pour le même duc Jean V, puis plus tard du château de Landal pour le duc François II (1458-1488). Il commande alors à 50 chevaliers bannerets, soit environ 300 hommes d’armes.

Pendant les guerres de la Ligue (1590-1598) Dinannais et Malouins tiennent chacun pour un parti : les Dinannais pour Mercoeur, les Malouins pour Henri IV après s’être déclarés deux à trois ans ’’République de la Mer’’. Chacun pille les campagnes alentours. Lanvallay, St Solain et Tressaint eurent à en souffrir.

Au siècle suivant (XVII) on reconstruit des maisons au bourg de la Madeleine ou des manoirs en campagne : Beauvais, le Bois Collin, le Pavillon, la Ville-es-Ollivier, les Champs-Hingant, pour les plus marquants.

En ces temps, la famille de Lanvallay disparaît, fondue dans le puissant lignage des Coëtquen, dont la sénéchaussée de Chateauneuf de Lanoé contrôle, entre autre, nos trois paroisses.

Le XVIIIème est le ’’siècle d’or’’ de la Bretagne, grâce au commerce international

Le port de St Malo est très actif. L’arrière-Pays de Rance s’enrichit. On construit de nouveau : maisons et manoirs, grandement ouverts sur parcs et jardins. Les nobles deviennent marchands, les marchands s’agrègent à la noblesse. Les Houitte et Le Forestier sont au Bois-Fougeray, les Harrouard à la Ville-es-Ollivier, les de Lescu au Colombier, les de Miniac et de La Hautonnière à la Grand’Cour, les de Serizay à Grillemont, les Néel de La Vigne au Gué Parfond, les Ménard et de Serville à Landeboulou, les de La Belinaye à Tressaint, les Ferron à la Vairie et, les Bénédictins du prieuré Royal de St Magloire de Léhon en leur ferme et chapelle de St Nicolas des Champs. Sur toutes ces richesses et ce bien-être la Grande Révolution va déferler. Pourtant elle débute par de nouvelles libertés. L’élection des conseils municipaux, en 1790, remplacèrent les conseils paroissiaux (fabrique) dirigés par les recteurs. Furent élus maires : à  Lanvallay – Julien Delepine ancien recteur, à St Solain – Colin, à Tressaint -Louis Ambroise ancien prieur – recteur. Tout change… mais tout continu. Les biens des nobles et du clergé ont été vendus au profit des bourgeois, dépecés, saccagés. Les pauvres sont toujours aussi pauvres, mais plus nombreux.

En 1793

Les Chouans sont en forêt de Coëtquen. On a tout à craindre du bleu ou du blanc. La vieille église de Tressaint (XIII – XVII) saccagée par le citoyen Dereuse, chef de l’atelier de Salpêtre, est restaurée (1796-1800) sur les ordres de Jean Rouxel maire de la commune. Napoléon et l’Empire remettent de l’ordre. Le commerce reprend, les fils partent à la guerre. Le Blocus continental (1806), la guerre contre l’anglais, désorganisent le commerce. Le Pays se referme sur lui-même. Par décret impérial (1811) St Piat est séparé de Pleudihen et rattaché à Lanvallay. L’empereur est vaincu, l’Empire s’écroule, les Prussiens campent dans le parc de la Vairie (du 14 au 28 septembre 1815). Mis en construction depuis 30 ans, le canal d’Ille et Rance est enfin ouvert à la circulation des péniches de marchandises, de St Malo à Rennes (1833). Les quartiers du port de Dinan et de la Madeleine en Lanvallay renaissent. Des moulins à eau se dressent sur les rives de la Rance : Boutron, Pont-Perrin, Chantoiseaux. Les ’’Marnes’’, pour amendement calcaire des terres,  sont exploitées dans la plaine de Taden et sous la muraille de l’Oeuvre.

En 1842

Le maire de Lanvallay, Julien Malo Bouesnard (élu en 1830) décide de créer un nouveau bourg. Avec le recteur, Jean François Regnier, il fait construire une église (1844-1847) au lieu dit  : Le Tertre à la Perche, le long de la route royale Dinan-Rennes. Puis vint la construction d’une grande maison d’école et d’une petite mairie en 1850, et enfin un presbytère sous Napoléon III (1869). Plus tard, la commune et paroisse de St Solen se voient dotées d’une nouvelle église (1877-1881), sous la magistrature municipale d’Amédée de Ferron. L’If millénaire est seul conservé dans l’ancien enclos.

Détaché de Taden par l’ouverture du canal de Rance, le rocher de la Courbure est rattaché (1847) à Lanvallay. A la demande de ses habitants St Solain modifie l’orthographe de son nom et redevient St Solen (17/03/1879).

Durant ce XIXème siècle

Les trois communes vont développer leur production agricole grâce à un nouvel outillage, de nouvelles techniques et les amendements de marne extrait de la Rance.

Lanvallay et St Solen sont devenus deux bourgs très actifs ou les commerçants et les artisans sont nombreux. Tressaint est un centre de marchands de bestiaux réputés. L’ouverture du Canal d’Ille et Rance (1830-1833), la construction du viaduc (1846-1852), l’amélioration des routes (1830-1870), l’arrivée du chemin de fer (1879-1880) ont rapproché les gros marchés de nos trois communes : Dinan, Dol, St Malo et Rennes.

Les guerres de 1914-1918 et de 1939-1945 vont provoquer de nombreux malheurs et de grandes mutations. Mais ceci est une nouvelle histoire, en cours.

Yves Castel
Guide conférencier agrée CNMHS

 

Vous pouvez également retrouver de nombreuses informations sur notre si belle commune, en consultant le blog de Jean-Pierre Fournier